Consultation

XIX, folios:66 67
Urre de Cornillan d’Oncieu, Louis d', seigneur du Puy-Saint-Martin
M. de Gordes
Lettre non liée
08/11/1572
Lyon
Crest

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monsieur, les Consulz de ceste ville m’ayant tenu six ou sept

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jours en promesse de partir d’eure à heure pour aller vers

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vous, par lesquelz je fesoys estat vous mander ; ce que voyant leur

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longueur, je vous envoye par ce porteur expres, qu’ilz m’ont

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bailhé pour cest effect, c’est ung petit livre cosu et une

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piece de memoyre desguisé, le tout porté par ung

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messagier et postilhon ordinayre de monsieur de Montbrun,

8

que le chastellein de Monsieur d’Ourche, mon cousin, print à

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Saou, et me le mena en ce lieu ; lequel je interogey et

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recogneus fort effrayé et ce contrariant en presque touttes

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les demandes que je luy faysois. Il me confessa d’avoyr esté

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en plusieur lieulx, et toutz suspectz, pour le commandement

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de son maistre, mais que ce n’estoyt que pour les adviser toutz

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de se contenir soubz l’obeyssance du roy et soubz ses ordonnances,

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et que les papiers qu’il portoyt estoyent de meschantz pappiers qu’il

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avoyt treuvés par les chemins. J’avoys belle envye, Monsieur,

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de le vous guarder ou de l’envoyer s’agrementer en chemin.

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Mais, ayant repceu lettres de vous comme ledict de Montbrun

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ne desiroyt que de ce contenir en reppos dans sa mayson

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soubz l’hobeyssance des edictz de sa Majesté, pour ne guaster

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aulcune chose et pencent que ce seroyt assés de vous envoyer l

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e pacquet et me tenir plus advisé, je laissay aller le susdit

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messagier, ne prevoyant ce que despuys c’est descouvert de

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leurs accoustumées traystresses et malleurreuses vollentés, dont

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ledict sieur d’Ourche, à ce qu’il m’escripvist hersoir bien tard,

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vous a au long adverty. Il y avoyt ja troys jours que estoyt

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venu à moy ung gentilhomme de bien bon lieu, de dix grandes

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lieues d’icy, me porter le mesme advys, lequel ne me pouvant

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persuader estre veritable, me contentey de tenir tant seullement

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les yeulx ung peu plus ouvers. Mais saichant et voyant une

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[v°] plus clayre descouverte de la resolution qu’ilz ont prinze

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generalle de s’eslever, Monsieur, j’ay desparty des commissions

33

par tout ce ressort à ce matin pour adviser toutz les lieulx,

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premierement de se bien guarder et pour me mander

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les rosles, chascung endroyt soy, des hommes armés et aultres

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cappables à porter armes, avecques commendement de se tenir

37

prestz pour, au premier mandement, marcher là où je leur

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ordonnerey ; et ce pendent jay mandé particullierement

39

à quelques-ungs de mes amys me mener incontinent

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ung nombre de bons soldatz et bien cogneus, le tout

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jusques au nombre de soixante ou quatre vingtz tant seullement,

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que je logerey sus les bras des messieurs à catholizer et

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des plus suspectz nouveaulx catholisés, attendent l’ordre qu’il

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vous playra, Monsieur, me commender que je tiengne pour

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les fayre entretenir en plus grand nombre si jen ay besoing.

46

Je vous promès par Dieu, Monsieur, que je ne scauroys choizir en

47

tout ce lieu trente hommes de qui je puysse tirer service

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de soldatz, le nombre des cathollizés ou à catholizer est de

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plus de quatre centz, et presque toutz bons traystes, oultre

50

le commerce des deux marchés pour sepmayne où, comme vous

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scavés, Monsieur, aborde ung grand nombre d’estrangiers de

52

touttes conditions et relligions. Je vous supplie, Monsieur,

53

avoyr pitié de moy pour me donner des gentz de guerre

54

cellon que voyés et verrés s’en presenter l’occasion et moyen

55

de les entretenir, et ce pendent, Monsieur, je vous prometz que

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je perdrey la vie dens la ville ou je la guarderey à sa

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majesté ; et à vous, du chasteau, je vous en respons. Je me

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suys aussy dispencé, Monsieur, de fayre à ce matin

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commandement à toutz les catholizés despuys la publication

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de la derniere ordonnance de sa majesté en ce lyeu pour la

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deffance des assemblées et presches generalles par tout

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[67] son royaullme, et de mesmes à toutz ceulx de la nouvelle

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prettendue relligion qui sont à cathollizer, habitantz et domicilliés

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de ceste ville de ne sortir, en quelle facon que ce soyt de

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jour ne de nuict de leurs maysons, et ce par l’espace de huict

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jours, à peyne de la hard, leur faysant entendre

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n’estre ceste presente ordonnance et commendement pour

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leur porter aulcung mal ny prejudice, mais pour les

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randre plus asseurés de leur personnes et biens soubz

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la protection, commendementz et main forte de sa Majesté ;

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et pour obvyer à des inconvenientz qui, à faulte de ce,

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en pourroyent advenir, me reservant, Monsieur, si je

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sentoys de quelques-ungs quelque choze de pys pour leurs

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accoustumées traystresses vollentés, les loger, comme m’en

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avés faict le commendement, ung peu plus discortoysement.

76

Monsieur, je vous bayse tousjours très humblement la

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main, suppliant mon Dieu à mon accoustumée vous

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donner,

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Monsieur, en parfaicte sancté, heureuse, contente et longue

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vie. Du Crest, ce mecredy matin, VIIIe jour d’octobre 1572.

81

Vostre plus humble et plus obeissent comme

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filz et serviteur

83

Deurre Doncieu

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